Très Chers Collaborateurs, Membres du Comité de Gestion, Révérende Sœur et Messieurs les Doyens et Vice-Doyens Révérends Abbés Professeurs, Messieurs les Chefs de travaux, Mesdames et Messieurs les Assistants, Mesdames et Messieurs du Personnel Administratif, Technique et Ouvrier, Chers Camarades Étudiantes et Étudiants, C’est pour moi une grande joie de pouvoir en ce jour présider à cette cérémonie qui nous permet de renouer avec une de bonnes habitudes de notre Alma Mater, l’Université de Lisala, à savoir l’Échange des Vœux et l’Accueil des Nouveaux venus au sein de notre Communauté au troisième samedi du mois. La conclusion chaotique de l’année civile 2017 et les débuts sous tension de l’année 2018, avec la précarité des moyens financiers ne nous avaient pas permis de sacrifier à cette tradition à l’entrée de l’année à peine écoulée, 2018. ACTION DE GRÂCES AU SEIGNEUR, MAITRE DES TEMPS ET DES CIRCONSTANCES Je voudrais introduire ce mot par une action de grâces au Seigneur, notre Dieu, Maitre des temps, Seigneur des circonstances, pour tous les bienfaits et pour toutes les grâces reçus de sa bienveillance tout au long de l’année 2018. Tout s’est déroulé sans graves entorses aux instructions émanant de la Hiérarchie. Nous sommes restés en harmonie avec le calendrier académique du Ministère : Les cours se sont donnés assez normalement, les sessions de février, de juillet et de septembre se sont organisées sans incidents ni accidents majeurs et la collation des grades célébrée dans la grande joie. Nous avons joui d’une santé physique assez normale même si nous ne pouvons passer sous silence la séparation d’avec certains membres de la Communauté, en l’occurrence, le décès de madame Honorine, épouse de notre Chef de travaux Pascal AKUMUNDE, la mort de trois agents NP et NU LIKALA, PELA et ALOMO Gala Jules et en toute fin de l’année la disparition à Kisangani de notre Assistant Georges KISANGALA. Je vous prie de vous lever et d’observer une minute de silence en leur mémoire… Que leurs âmes reposent dans la Paix du Christ Ressuscité. HOMMAGES AUX AUTORITÉS POLITIQUES Je voudrais ensuite, en votre nom, rendre hommages aux efforts des Autorités politiques du pays. Je cite en premier le Chef de l’État, Monsieur le Président de la République pour ce qu’il fait pour assurer la paix dans notre pays et grâce à cette paix, nous pouvons travailler. Un merci également à Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire et à ses instances de collaboration administrative, Madame le Secrétaire Général et Son Excellence Monseigneur le Président du Conseil d’Administration des Universités du Congo. Leur collaboration a permis que notre Alma Mater voie certains de ses membres promus en grade : trois Professeurs Associés promus Professeurs, une nouvelle Professeure Associée engagée et 29 Assistants promus et nommés au grade de Chefs de travaux. Un autre membre de notre corps scientifique, le Chef de travaux KUMUMANGI, est nommé Directeur Général de l’ISP BOSO-NDZANOA, preuve que le phare de la Mongala brille ; Il brillera encore et sera porté toujours plus haut. Félicitations donc aux bienheureux promus. Qu’ils continuent et aillent plus loin… Bien chers Frères et Sœurs, Il est dans les habitudes des humains de marquer le cours du temps par les festivités, entre autres celles qui attestent le passage d’une année à l’autre. Le passage de 2018 à 2019 s’est réalisé dans l’effervescence politique de la campagne électorale et du déroulement des élections. Celles-ci, au lieu d’être une grande messe, une Fête pour la Nation, se sont déroulées dans un climat de grande peur, d’anxiété, d’angoisse mais aussi de confiance en la Providence divine qui n’abandonne jamais ses fils et ses filles. Peu de cartes des vœux ont été envoyées. L’indisponibilité de la connexion Internet a ajouté encore à la difficulté. Mais pour notre communauté, Dieu a fait grâce que la tradition de procéder aux échanges de vœux le troisième samedi du mois de janvier soit respectée avec un petit décalage d’une semaine compte tenu du report de la date de la reprise des enseignements après les vacances de Noël. « Mieux vaut tard que jamais », dit-on ! Tout en vous remerciant, vous, Frères et Sœurs, membres du Personnel Académique et Scientifique, Membres du PATO et Étudiants pour vos messages des Vœux, le Comité de Gestion saisit cette opportunité pour vous les réciproquer : « Puisse la fête de Noël 2018 terminer l’année en cours sur une note de joyeuse et faire place à une nouvelle année 2019, fraiche et lumineuse, laquelle nous apporte la réussite, la santé, la prospérité ; Que le Bonheur, la Paix, la Joie soient au rendez-vous dans vos cœurs et dans ceux de vos proches ! Joyeux Noël 2018 et Bonne Année 2019 ! PAIX-SHALOOM-PEACE-PACE-BOBOTO ». Tels étaient nos vœux envoyés aux Autorités, Collègues, Amis et Connaissances de notre Alma Mater. Ces vœux sont notre prière au Dieu Tout-Puissant qui peut faire pour nous infiniment plus que nous n’osons demander. Mais il y a aussi notre part. Nous devons resserrer nos liens, dans notre corps d’appartenance et resserrer nos liens au sein de la Communauté Universitaire. Il nous faut retrouver les notes de noblesse de la Solidarité et partage dans la Communion. Rappelons-nous ce que le vivre ensemble comme communauté nous avait apporté aux années d’avant la bancarisation de la paie et l’abime dans laquelle nous nous retrouvons en choisissant la voie de l’égoïsme, de l’individualisme… La nature de l’homme est d’être cet être essentiellement relationnel, social, solidaire et appelé à vivre dans une communauté avec les autres. Seuls, les individus, les familles ou tout autre groupement sentent leur incapacité à se réaliser convenablement. Il leur faut une communauté plus grande, la communauté politique. Ce qu’affirmaient les Pères conciliaires dans la Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, vaut aujourd’hui encore, mutatis mutandis, pour notre Communauté Universitaire. Je les cite : « Individus, familles, groupements divers, tous ceux qui constituent la communauté civile, ont conscience de leur impuissance à réaliser seuls une vie pleinement humaine et perçoivent la nécessité d’une communauté plus vaste à l’intérieur de laquelle tous conjuguent quotidiennement leurs forces en vue d’une réalisation toujours plus parfaite du bien commun. C’est pourquoi ils forment une communauté politique selon des types institutionnels variés. Celle-ci existe donc pour le bien commun ; elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et c’est de lui qu’il tire l’origine de son droit propre »[1]. Seuls, comme individus, seuls comme groupes ou corps : académique, scientifique, corps administratif, technique et ouvrier, seuls comme étudiantes et étudiants, nous ne pouvons jamais, alors jamais, réussir, nous réaliser parfaitement et facilement. Nous avons besoin de la Communauté où chacun en tant que personne et en tant que membre d’un corps, doit conjuguer ses forces avec celle des autres pour la croissance, la consolidation de la communauté et sa réalisation, et notre réalisation. La réussite, la vie facile ou, mieux, la vie facilitée n’est possible que dans la dynamique de la participation de chacun et de tous aux efforts pour un mieux vivre. Des initiatives comme la Mutuelle de santé, la contribution pour une caisse sociale, la Coopérative Universitaire d’Entraide et de Fraternité (COOPUEF), les opérations comme « Pour la cause de l’Unilis », « Libanga » n’ont jamais été conçues comme des moyens ou des stratégies pour une exploitation de je ne sais qui mais pour notre réalisation, pour nous garantir une certaine sécurité sociale. Pour nous épargner de la hargne et du mors du prêt à usure localement connu sous la dénomination d’« EKOTAMA ». Seul cet esprit communautariste peut permettre la puissance. Pour Hannah Arendt, en effet, « la puissance n’est actualisée que lorsque la parole et l’acte ne divorcent pas, lorsque les mots ne sont pas vides, ni les actes brutaux, lorsque les mots ne servent pas à voiler des intentions mais à révéler des réalités, lorsque les actes ne servent pas à violer et détruire mais à établir des relations et créer des relations nouvelles. […] La puissance est toujours une puissance possible »[2] ; la puissance est « ce possible résidant dans la cohésion », dépendant de l’accord incertain et seulement temporaire d’un grand nombre de volontés et d’intentions[3]. Elle ne se manifeste que lorsque les hommes se rassemblent et agissent de concert ; elle retombe dès qu’ils se dispersent. Au demeurant, le seul facteur matériel indispensable à l’origine de la puissance est le rassemblement des hommes. Il faut, écrit notre auteur, « que les hommes vivent assez près les uns des autres pour que les possibilités de l’action soient toujours présentes : alors seulement, ils peuvent conserver la puissance. […] Et quiconque, pour quelques raisons que ce soit, s’isole au lieu de prendre part à cette cohésion renonce à la puissance, devient impuissant, si grande soit sa force, si valables que soient ses raisons »[4]. ACCUEIL DES NOUVEAUX Cette demande insistante sur le « sens communautaire » me permet de faire le pont avec le deuxième motif de la journée : l’accueil des Nouveaux. Les Nouveaux dont question ici sont non seulement les étudiantes et les étudiants, mais aussi les enseignants et les agents nouvellement engagés. Et ici nous voulons nous ressaisir pour étendre notre souhait de Bienvenue dans la Communauté de l’Université de Lisala à tous les étudiantes et étudiants, à tous les enseignants ainsi qu’à tous les agents venus renforcer, redynamiser, enrichir notre Alma Mater de leurs charismes, talents, dons, aptitudes. Ceux et celles de 2018 et de 2019 commençant. Nous vous accueillons à bras et à cœurs ouverts. Dans la joie et l’espoir que vous êtes une chance pour notre Communauté. Au lieu de vous accueillir sauvagement, brutalement par la pratique surannée et inutile des bleusailles, en conformité avec l’Instruction académique et suivant notre jeune tradition, nous vous accueillons dans cette petite mais significative cérémonie. Nous vous embrassons et vous disons : Ici vous êtes chez vous. Et vous ne vous êtes pas trompés. C’est une belle communauté, promise à un bel avenir. Une Institution encore à ses débuts avec des défis innombrables que nous ne pouvons relever que dans la dynamique de la solidarité et de partage, de l’union qui fait la force et de la participation. J’en appelle encore à la grande dame penseur Hannah Arendt pour vous en convaincre de ceci que les nouvelles naissances doivent être célébrées. Cela est vrai dans les familles. Cela reste tout aussi vrai pour des Communautés, des Institutions. Une Institution qui ne reçoit pas des nouveaux vieillit, dépérit, meurt. La stérilité reste un mal, tandis que la fécondité est toujours célébrée… C’est dans cette même optique que Hannah Arendt découvre et "exploite" la densité politique et le renouveau promis et contenu dans la petite phrase biblique : « Un enfant nous est né »[5]. Pour Arendt, cette petite phrase est un vrai miracle. Concluant le chapitre V de Condition de l’homme moderne traitant de l’action, Hannah écrit : « Le miracle qui sauve le monde, le domaine des affaires humaines, de la ruine normale, "naturelle", c’est finalement le fait de la natalité, dans lequel s’enracine ontologiquement la faculté d’agir. En d’autres termes : c’est la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau, l’action dont ils sont capables par droit de naissance. Seule l’expérience totale de cette capacité peut octroyer aux affaires humaines la foi et l’espérance, ces deux caractéristiques essentielles de l’existence […] C’est cette espérance et cette foi dans le monde qui ont trouvé sans doute leur expression la plus succincte, la plus glorieuse dans la petite phrase des Évangiles annonçant leur "bonne nouvelle" : " Un enfant nous est né" »[6]. Disons donc, de façon ramassée, que la natalité est cette faculté miraculeuse absolue qui sauve le monde de la ruine et de la mort parce que les nouveau-nés, nouveaux venus, hommes nouveaux, homines novi, « sont potentiellement porteurs d’inédit, d’imprévisible, de nouveauté par rapport à l’homme tel qu’il a été jusqu’ici, sans pour autant que leur soit attribuée la faculté de délivrer le monde du mal ni de prédire le déroulement futur de l’histoire universelle »[7]. Leur apparition ou leur irruption constitue une chance pour le monde commun. CONCLUSION Chers Collaborateurs du Comité de Gestion, Révérende sœur Doyenne et Messieurs les Vice-Doyens Révérende Sœur Professeur, Mesdames et Messieurs du Corps Académique et Scientifique, Mesdames et Messieurs du PATO, Chers camarades Étudiantes et Étudiants, Il ne me reste plus qu’à conclure. Merci pour votre présence et votre participation aux activités organisées en ce jour pour échanger des vœux et accueillir ceux et celles qui rejoignent notre Communauté. Bonne et Heureuse Année 2019 ! Bonheur, Paix et Joie à chacun et à tous ! Cordiale Bienvenue aux Nouveaux Venus ! « Que l’Éternel vous bénisse, et qu’il vous garde ! Que l’Éternel fasse luire sa face sur vous, et qu’Il vous accorde sa grâce ! Que l’Éternel tourne sa face sur vous et qu’Il vous donne la paix ! BONANEEEEE ! MERCI POUR VOTRE BIENVEILLANTE ÉCOUTE ! Pour le Comité de Gestion, Professeur Abbé Donat TEBAKABE ALOMO RECTEUR [1] Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, n° 74, &1. [2] Ibidem, p. 260. [3] Ibidem, p. 261. [4] Ibidem. [5] Is 9,5. [6] H. ARENDT, Condition de l’homme moderne, p. 314. [7] S. COURTINE-DENAMY, Le souci du monde, p. 183.